MARQUISES 4, Eiao et départ
Il faut quand même que je vous décrive leurs habitations, aux marquisiens. Ça n'a vraiment rien à voir avec le décor environnant. Tout est fait n'importe comment, avec des morceaux de bois, des tôles ondulées souvent rouillées, des troncs d'arbres, de cocotiers surtout, servant d'assise à quelques planches en guise de table de cuisine ou autres, des demi fûts de 200 litres faisant office d'évier ou de barbecue, des tuyaux trainant par terre avec un robinet au bout et l'eau qui s'écoule par terre, des poules au milieu, les fameux nonos, absolument insupportables, et lors de notre repas une invasion de mouches, pas très agréable quand on mange..
La pièce est unique, les murs ne font qu'un mètre de haut, pour laisser passer l'air... et les regards. Et tout est stocké en vrac, il y a même des bidons de saumure (viande de chèvre ou de cochon), à macérer au pied du lit....
Les feux se font avec du bois, pas de gaz, les casseroles s’en ressentent, elles ont une couche extérieure cramée d'un demi centimètre. Pas possible de les récurer. Tous les instruments de cuisine, de pêche, de chasse, de cueillette trainent partout ; même les fils électriques (il y a parfois un groupe électrogène) sont cloués sur les arbres.
Ce qui est étonnant, c'est que, contrairement à leurs habitations qui sont complètement négligées, leurs vergers, leurs jardins et même leurs routes, en terre bien sûr, sont très entretenus, très fleuris : tous les bords de route sont plantés de multitudes d'arbustes multicolores, et même de bouquets de fleurs - ou, comme sur l'une des photos, d'une allée de papayes, ce qui est vraiment magnifique.
Mais ils sont heureux ainsi, pas de télé, pas de voiture, souvent pas de musique : le calme... on s’y fait très vite...
Près des rivières, il y a des milliers de trous qui abritent des crabes très respectables, on en voit partout, même dans les maisons qui n'ont pas une base cimentée.
Voilà, description un peu moins romantique que d'habitude, mais le décor est tel que l'on s’y sent mieux que dans la plus sophistiquée des villas.
Prochain chapitre : plongée sérieuse au milieu des monstres marins, brrrr.
A EIAO, où nous serons demain, après une traversée de nuit pour être sûrs d'arriver de jour, les coins étant très mal cartographiés.
EIAO : la baie, puis notre passage sur une grève vierge, puis le campement, la rivière et la source |
Et oui, nous sommes le 28 aout 2014, et c'est un grand jour pour moi.
Il y a 50 ans environ, avec 2 amis, Jean Claude et Michel, nous avions décidé de partir en voilier pour aller à ? ... Et oui, à EIAO, dernière île des Marquises, tout au nord, loin de toute civilisation, et complètement déserte.
Les...plus-tout-jeunes... ont dû connaître le périple de Georges de Caunes, un journaliste de la télévision - l'ORTF ! - qui avait décidé d'aller vivre en ermite à Eiao, et de raconter quotidiennement ses impressions par radio. Il n'était pas resté longtemps... rapatrié 4 mois plus tard, avec 20 kgs en moins (vidéo à voir ci-contre, c'était avant que les choses se dégradent : mettre le son !).
Il parait aussi qu'il y a un trésor caché : un aventurier et sa famille, ayant employé 6 marquisiens, ont prospecté durant quelques mois puis sont partis en douce, en abandonnant les marquisiens, qui y sont restés 6 mois sans que personne ne vienne. Ils ont fini par construire un radeau, et sont retournés a Nuku Iva. C'est dire si l'île est peu fréquentée.
Nous y sommes donc, et la vie y est intense, car les quelques animaux domestiques importés sont retournés à l'état sauvage, et on pourrait sans doute manger un petit cochon de lait bien tendre...
Heureusement, Sam a rattrapé de justesse le moulinet, et en rentrant dans la rade, on a remonté une daurade coryphène de 1 mètre qui faisait des bonds énormes hors de l'eau, et que l'on a dû assurer en sortant le croc de boucher, pour la piquer et la remonter à deux, tout en baissant les voiles et en préparant l'ancre. Arrivée épique. Voir la photo avec Sam et Danièle.
Une fois mouillés dans la baie, Sam décide de la dépecer dans la jupe, et en jetant les abats, une carangue de 25 kgs saute dessus, à quelques centimètres de sa main.
Pouf, on prend le fusil harpon, on rejette des déchets, oups, elle se re-pointe, et tac, du premier coup je la pique. Mais sa peau est tellement épaisse que le harpon ne pénètre pas entièrement. Nous essayons avec le croc, deux fois, sans arriver à percer sa cuirasse, et elle se sauve au troisième coup.
Bon, tant pis, on a plusieurs kilos de poisson ultra frais dans le frigo.
MAIS, " ce n'est pas fini" (air connu) car deux ou trois heures après, Danièle a la trouille de sa vie : en remplissant le seau dans la jupe pour se doucher, elle se retrouve nez à nez avec une autre (ou la même ?) carangue, tout aussi imposante (voir photo avec le seau).
Du coup, avec l'eau extrêmement trouble, et l'île étant réputée pour ses nombreux requins, on va peut-être éviter de plonger....
Voilà, si vous n'en n'avez pas ras le bol de mes petites histoires, on espère qu'il va encore nous arriver de bien belles choses à vous raconter.
Bon, allez, houps, on va se baigner. A zut, trop craignos. On va sagement jouer au scrabble.........
Et en effet, il y a encore quelques histoires à venir :
et voici Germaine ! .... ou Gaston ? |
Et on y gagne au change, car après Germaine, se pointe Gaston, le mec sans doute, et air connu comme pour les Mantas, un troisième larron, Georges, mastodonte de plus d'un mètre, grand papa sans doute. :)
Du coup, on passe notre temps à jeter le seau d'eau à l'eau, pour les voir rappliquer. C'est en fait inouï de pouvoir presque caresser 3 bestiaux qui doivent en tout dépasser les 100 kilos et qui, aux Antilles, sont très craintifs.
On est restés 2 jours a Eiao, crapahutant avec difficulté dans la forêt, et prenant en photos le logement ultra rustique (en fait très marquisien) de Georges de Caunes...
Vous verrez les photos, c'est impressionnant de solitude.
Et au départ, on gagne au jackpot en remontant une daurade coryphène de 1m50 de long, trop lourde pour notre balance (qui est montée au max de sa pesée). On ne sait plus quoi faire de tout ce poisson, le frigo en est plein...
Nous sommes en mer pour 4 jours, pour rejoindre la première des Tuamotu, Takaroa, le temps et la mer sont magnifiques, et pour la première fois, il n'y a pas trop de houle.
Alain
Oh que non, moi je n'en ai pas marre, de tes "petites histoires", j'ai même bien rigolé avec les carangues (tu avais marqué caranque, mais apparemment, c'est un G d'après mes recherches, me dire si c'est faux). Germaine, Gaston et Georges sont bien sympas, et je suis contente qu'ils soient encore en train de barboter autour de l'ile. L'initiale G, c'est en honneur de de Caunes je suppose ? C'est Antoine le fiston qui devrait lire ça, çà lui ferait plaisir.
RépondreSupprimerBon, aussi :
comme les habitués l'auront remarqué, on est un peu brouillons dans nos parutions. Sur la page juste avant, "De Ua Pou à Nuku Hiva, Alain craque !", on a suivi, dans les commentaires, toute ton arrivée sur Takaroa, après les Marquises.
Parce qu'on a du direct par téléphone, qu'on publie et qu'on commente immédiatement, et tout ce qui passe par internet (photos et récits) arrive plus tard, quand vous avez une connexion, et le temps d'envoyer tout ça.
Donc lisez sans faute les pages plus anciennes, et les commentaires en-dessous, toute la chronologie s'y retrouve. Et merci beaucoup pour les efforts de rédaction et photos pour nous tenir au courant si précisément (et merci aux lecteurs !), on se sent au coeur de l'action, c'est super, vous faites plein d'heureux sur ce blog. La bise à vous trois !
merci merci pour ces histoires, elles nous rapprochent de vous, et nous montrent, malgré tout, toute votre sagesse.
RépondreSupprimerProfitez, remplissez nos yeux de merveilles, ces moments d'évasion sont magiques. Merci !
Ah ce blog ! on s'y jette 2 fois par jour pour suivre les aventures, voyager avec vous et rêver !
RépondreSupprimerMerci à tous ceux qui y écrivent, racontent, transmettent, font suivre, publient des photos !
Grand bonjour à tous et en particulier à Samuel !
Sympa la famille carangue! J'aurais bien aimé être là lorsque Danièle a eu la trouille de sa vie en voulant encore une fois aller se doucher sur la jupe arrière... décidément les douches sur le Corto, pas glop! pas glop! Continue Alain à nous envoyer le récit de votre aventure, à chaque fois que je lis tes récits rocambolesques, j'ai la joie de vivre que me monte aux lèvres. Cela fait du bien!! Merci donc de partager et de nous donner le sourire. Je vous embrasse tous les trois bien fort.
RépondreSupprimeroui c'est ce que j'ai pensé, pour Danièle, à mon avis elle devrait carrément arrêter de se laver pendant quelques semaines, mieux vaut être cracra que laisser un bras dans la gueule d'un requin trop curieux, HAHAHA !! Bon on rigole, et ils nous font rêver c'est sûr, en attendant je préfère ma place de tenancière de blog qu'aventurière, ça me convient mieux (désolée frangin, tu resteras le seul de la fratrie à assurer côté aventures, mais j'aime bien lire et faire lire tout ça ! :-))))
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