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29 juillet 2014

La Transpacifique, le récit, les photos

Voici le récit, fait à bord durant la traversée des Galapagos aux Marquises :
"De Floreana à Fatu Hiva"

Bonjour tout le monde,

Comme je ne peux écrire directement sur le blog, je vous raconte en direct (avec sans doute 3 semaines de décalage) notre démarrage de San Cristobal.
Vent plutôt de face, notre décision d'aller à l'ile de Pâques risque de tomber à l'eau. On fait donc de l'ouest, et comme on passe à toucher Santa Maria (ou Floreana, elle porte 2 noms) on décide d'y passer la nuit car la mer est vraiment dure. On est loin de l'alizé prévu.
Nuit calme, et départ - LE grand départ - le lendemain matin, dimanche 6 Juillet, vers 6 h 30.

Et là, durant une semaine, nous allons avoir une mer forte, beaucoup de vent, de la pluie, et des conditions de vie acrobatiques : le Corto étant secoué comme un prunier, la station debout est dangereuse et fatigante, on ne peut que rester couché, lire, dormir, et changer de voiles très souvent...
Bref, la grosse galère. Seul avantage : on va vite, pas vers l'île de Pâques, on y a renoncé, mais droit vers les Marquises. Qui plus est, il fait froid, faut le faire à l'équateur !!!!!

Par contre, aujourd'hui, le samedi 12, on approche des 1000 milles, le tiers du trajet, et d'un changement de fuseau horaire.
Et la mer s'est un peu calmée, le vent aussi, il y a un peu de soleil, les voiles sont en ciseaux, tangonnées, donc plein vent arrière, le bateau relativement plat, on va pouvoir se laver sans trop risquer de tomber à l'eau...
De plus, ce matin, une deuxième daurade coryphène de 97 cms, comme la première. Donc, la vie est belle, on va pouvoir enfin vivre un peu normalement.
Je crois que l'on a attrapé un alizé sympa, et prions pour que ça dure :)
Voilà, suite au prochain numéro dans 3 ou 4 jours.
Je fais des bises à tout le monde, et l'équipage vous salue tous.

... et non... jusqu'au 13, c'est reparti, pluies, vent fort, encore plus froid, 2 ris dans la grand-voile et un petit foc, et pourtant on marche toujours à 7 nœuds.
Nous sommes couchés toute la journée, le bateau remue trop...

Oups, le 14 Juillet, fête nationale et... DU SOLEIL !!!!!!
On ouvre un peu les hublots, ça commençait a sentir le phoque à l'intérieur........
Ce matin, sur le pont, 10 poissons volants, un record.
Faut dire qu'avec les vagues qu'il y a, ils n'ont pas à se casser la tête pour se retrouver à bord (voir la photo). On va les manger à midi, plus la daurade. Un peu ras le bol du poisson (avec une daurade on a à manger pour 3 jours), à quand un bon steak frites (une fois) et une salade verte ?, car nous n'avons plus rien de frais, ni viande, ni fruits ni légumes.
Bon, terminé pour aujourd'hui, bonne fête nationale à vous tous.

(26 photos : petit ascenseur coulissant à droite des photos...)
The Kings of the dorade coryphène del Paciiiifico !
Ouh la la, groosse fatigue pour le capitaine...
Suicide collectif de poissons volants, 10 !.
Sam, pâtissier en chef du Corto
C'est beau, un homme qui fait la cuisine !
c'est beau, et c'est fier !!


Le 16, on entame la deuxième partie, et là, super ! : beau temps, alizé léger, bon d'accord ça va moins vite, car sur 10 jours on a fait 145 miles par jour, ce qui est très bien.
Et ce matin, tous hublots ouverts, soute à voile vidée, voiles à sécher, tout le monde a pris une douche, et on arrive à marcher droit, sans avoir à compenser.
Je crois vraiment, malgré quelques espoirs précédents, mais non confirmés, que cette fois ci ça y est , on a dépassé les dépressions.
Petite anecdote qui aurait pu être gravissime. Danièle est tombée à l'eau, en voulant se laver dans la jupe...
Les conditions étaient les pires, c'est à dire plein vent arrière, les deux génois tangonnés en ciseaux, donc complètement coincés, et difficiles à affaler, des creux de trois mètres, et le bateau marchant très vite... Bref, la pire des situations.
Heureusement, juste avant j'avais dit à Sam ce qu'il fallait faire en cas de problème, car j'avais la prescience qu'il allait y avoir un ennui. J'ai pu faire demi-tour en catastrophe, au moteur, en perdant souvent Danièle de vue, dont la tête apparaissait seulement de temps en temps, pendant que Sam, heureusement bien programmé, baissait les voiles le plus vite possible. Et nous sommes arrivés à la rejoindre assez rapidement, mettant une corde à trainer derrière, et Sam la récupérant.
L'ambiance était plutôt tendue à bord, la peur ayant saisi tout le monde.
Bref, petit miracle il y a eu, et, plus que jamais, il ne faut pas tomber à l'eau...

Voilà, le reste de la traversée s'est passé très rapidement, car nous allions très vite, et nous avons battu des records en faisant 6 nœuds de moyenne, c'est ma traversée la plus rapide. Et nous avons mis 20 jours + 2 ou 3 heures pour faire les 2905 miles, ce qui est 3 ou 4 jours de moins que prévu.

Puis une arrivée samedi 26 juillet en fin de matinée à Fatu Hiva, dans une baie relativement protégée, avec 4 bateaux au mouillage et une mer plate, ce qui nous va très bien, car 20 jours à se faire branler sans arrêt c'est plus qu'assez...
En plus, nous n'avions strictement plus rien à manger, à part pâtes et riz, plus de légumes, ni pain, ni fruits, et ni boissons. Notre première sortie a été la petite épicerie du coin, un délice !
Voilà, je vais essayer de trouver une borne wifi, et on vous racontera la vie à terre, dans quelques jours, après un peu de repos.
La bise à tous, et merci pour vos messages.
___________________

Une fois à terre, nous avons sympathisé avec les équipages des bateaux voisins, certains très baba cool, style communautaire, où tout se partage, surtout ce que nous, nous avons....
Et ils nous ont conseillé d'aller... à la messe !...
Bon, ça faisait 40 ans que je n'y avais pas été, mais ce fut absolument magique.
Les filles sont souvent en robes style paréos multicolores, une fleur de tiare dans les cheveux, c'est très joli, mais surtout, il y a sur les bancs, mélangés à nous tous, tout un tas de garçons et filles, avec des guitares et des ukulélés.
Et après chaque petit morceau de sermon, tout le monde joue de la guitare, et chante à pleine voix des chants plus ou moins religieux, mais surtout style polynésiens, et c'est magnifique, extrêmement émouvant, car leurs voix sont très puissantes (faut dire qu'ils ont du coffre !), et ils s'en donnent à cœur voix.

J'étais très ému car ça m'a rappelé mes rêves de jeunesse, ma promesse à 20 ans d'aller en Polynésie, et d'écouter tous ces gens, si sensuels et bons.
Car ici, aucune agressivité, tout le monde te salue, vient parler avec toi, et c'est vrai que cela doit ressembler au paradis...

Et voila, j'y suis, c'est pas magnifique de réaliser un vieux rêve d'enfant ???
Promis, j'essaierai de vous faire partager tout cela.

Alain
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