TUAMOTU 4 : Rangiroa
J'ai une grande tristesse, chers amis, car j'avais envoyé, concernant ces derniers jours à Apataki, un très long texte plein d'histoires palpitantes (of course....), mais avec le micmac de la wifi ici, plus cyclothymique qu'une jeune femme....(oups, pardon) tout a disparu et impossible de le retrouver dans mon ordi.
Je continue donc à partir du départ de Apatiki, de nuit, et pleine lune, pour arriver vers 10H du matin à la passe de
Tiputa, à Rangiroa, le top du top de la plongée en Polynésie.
On se présente comme à l'habitude, sans horaire de marée, et l'entrée beaucoup moins dangereuse cette fois ci est néanmoins spectaculaire, car une très grosse houle parfois déferlante nous projette dans le lagon, accompagnés par une tripotée de dauphins énormes qui jouent comme des fous dans les vagues, se servant des déferlantes pour mettre le turbo et surfant à toute vitesse. Le spectacle est grandiose, et l'équipage hurle de joie et mitraille, moi, malheureusement, j'essaye de garder le bateau bien droit, et je n'ai pas trop le temps de regarder.
Puis un mouillage magnifique, grand comme 10 fois Porquerolles, mais avec seulement 3 bateaux !!!
Fin de journée calme, on va à pied voir la passe, impressionnante de grandeur, et on trouve - ouf - une épicerie bien achalandée. Mais nous avons beaucoup de poisson (histoire racontée dans les mails perdus, grrr) et à part quelques petites gâteries, glace, rhum, pain frais, tout va bien.
" Je vous présente mon équipage :
Sam, le démon du bord, il faut lui mettre des chaines pour qu'il n'en fasse pas trop... Danièle, un ange du ciel (toujours sur son petit nuage)..... et moi Alain, pauvre capitaine écartelé entre ces deux sympathiques matelots, qui théorisent à longueur de temps sur le pourquoi du comment des choses, très, très loin de mon pragmatisme. Ça fait vraiment une bonne équipe, un peu étrange, mais ça marche impec."
Le lendemain, le 9 octobre, on décide d’aller au village de l'autre côté de la passe, mais le courant est trop fort, nous sommes ballotés comme des fétus de paille, nous avons même failli chavirer sur une grosse vague. Notre petite annexe dans ce chaos est vraiment peu de chose, on ne peut pas traverser, donc on laisse le zodiac au bord… bien heureux d'avoir pu s'arrêter, car même près du bord le courant nous jette au large et il est très difficile de guider l'annexe. Donc, obligés de prendre une vedette pour nous amener en face, où il y a une poste et de la wifi (qui a ramé comme jamais). Rentrés à Tiputa, on se trouve un petit resto bien sympa au bord de l'eau, avec vue imprenable sur un tas de poissons qui attendent qu'on leur envoie un peu de pain. Puis on va à la passe, quand le courant est moins fort pour en faire l'entrée en se laissant dériver dans l'eau, mais avec le zodiac à la traine car le courant est tout de même très fort.
Ci-dessous : "L'Office des Postes et Télécommunications" de Tiputa,.... où la wifi ne marche pas.
Le resto au bord de l'eau (très rare)
La passe impassable en zodiac
Le bateau-taxi pour franchir la passe
Vues dans l'eau du resto
Une maison ronde décorée de coquilles de nacre...
Un peu déçus par la passe elle-même, car presque pas de poissons. Mais le courant nous faisant contourner l'ilot de Nuhi Nuhi, nous nous sommes retrouvés dans très peu d'eau, et l'amusant, c'est que j'étais remonté sur le zodiac pour le dégager des cailloux, et comme je ramais debout, je voyais des dizaines de requins qui allaient droit sur Sam et Danièle, et je voyais aussi un peu plus loin derrière eux, des tas d'ailerons qui sortaient de l'eau. Mais, on est presque blasés.....
Heureusement, de l'autre côté de l'ilot, à l'abri du courant, nous avons vu le spectacle invraisemblable de milliers de poissons en bancs compacts, qui venaient carrément sur notre masque, on pouvait presque les toucher.
Plongée très réussie donc, on s' est arrêtés quand on a eu trop froid !!!
Et le soir, cassés tous les trois par cette journée bien remplie, mais toujours enthousiastes et ravis, nous nous sommes couchés très tôt, même Sam...
Le 10 Octobre le vent se lève fort, et du mauvais côté. On va se mettre à l'abri, à l'unique place possible dans le mini port et ce sera une journée bricolage, le capitaine offrant le resto à l'équipage, pour les remercier d'avoir travaillé. :))
Le 11 Octobre, dernières courses au village, l'équipage m'offre une machette pour couper les noix de coco ... puis nous partons traverser le lagon pour aller au motu Faama, où il y a de très beaux hoas (bras de mer qui coupent les motus en deux et relient le large au lagon) - en fait mini-passes où parfois les annexes ne peuvent même pas passer, mais on dirait des rivières, et comme la végétation est extrêmement dense on a l'impression de remonter l'Amazone, sauf qu'il n'y a aucune bestiole nocive en Polynésie et que l'on peut marcher partout pieds nus dans la foret de cocotiers sans aucun danger.
Le magique (eh oui c'est un mot commun dans notre périple), ce fut la traversée à la voile, car la mer dans le lagon était très belle, le vent parfait, il n'y a presque pas eu de patates de corail et nous avons tiré des bords splendides… le Corto juste un peu incliné, mené de mains de maître par Sam qui apprend comme un malade tout ce qu'il faut pour faire de la voile, et nous avons fait une arrivée à la voile, rejoignant deux bateaux au mouillage qui nous ont félicités du spectacle que nous leur avons offert (voir un bateau arriver à la voile dans une baie est un moment rare et magnifique), surtout que maintenant tout le monde arrive au moteur, Beurk !!!!
Au fait, savez-vous vraiment ce qu'est un lagon ?
C'est comme un lac, entouré d'une ceinture de corail.
. D'un côté, vous avez tout l'Océan Pacifique qui gronde en se fracassant sur la ceinture - qui peut être juste du corail en surface, ou bien les fameux motus (ilots de corail mort amoncelé depuis des millénaires) sur lesquels des cocotiers ont poussé, sont morts, ont créé de l'humus, se sont reproduits, plus d'autres arbres, et maintenant ce sont des forêts impénétrables dont le sol et les sous-bois sont surchargés de palmes mortes, de milliers de noix de coco que les crabes ont fait tomber et qu'ils mangent (j’ai vu des crabes confortablement installés dans une noix de coco : ils ont gite et couvert pour le même prix !...).
. Et de l'autre côté vous avez le lagon paisible, serein, loin de tous les dangers du large, où à part le passage de la passe (mais en choisissant son heure il n'y a pas de problème) la navigation est un rêve pour le gentil plaisancier, avec tous les avantages : un, la mer est belle, presque pas formée, deux, vous avez toujours un endroit quasiment désert où pouvoir mettre l'ancre, et trois, les distances sont courtes. Et après une gentille balade, oups, vous êtes parfaitement à l'abri avec, cerise sur le gâteau, une petite plongée pour terminer où le spectacle sera grandiose.
Je vais jouer un peu le littéraire en comparant un lagon au
"Chaos et l'Harmonie', livre fabuleux de Trinh Xuan Thuan, astrophysicien et penseur sino-franco-américain qui décrit beauté et vérité.
Je vous conseille de le lire, c'est... autre chose...
Pour en revenir à notre traversée du lagon, il est étonnant comme après deux jours de mini-civilisation (ce ne sont quand même que des petits villages très rustiques) et alors que très souvent nous manquons de presque tout, nous sommes tout heureux de retrouver un mouillage quasi désert, un motu hors du temps, plus d'internet, d'électricité, rien : le calme...
L'équipage d'ailleurs commence à paniquer à l'idée de se retrouver bientôt entre 4 murs, et au froid.... je leur enverrai des cartes postales pour les réchauffer...
Oups, dernier mot, merci Cécile, petite sœur de Sam, d'avoir cru que le Capitaine avait vingt ans. Ben oui, j'ai vingt ans, multiplié par ..... :(
Le 12 Octobre : nous allons dans tous les hoa du coin, magnifiques, et jusqu'au récif extérieur, et vous verrez sur les photos la puissance de la mer rentrant dans le lagon, littéralement en cascades, on comprend alors mieux la difficulté des passes à certaines heures.
Le 13 Octobre : nous allons au "Lagon bleu", un lagon dans le lagon, une des grosses curiosités de Rangiroa, mais... " ce n'est pas fini ! ", car à peine mouillé, Sam compte 22 requins tout autour du bateau.
En fait, ils sont attirés par les vedettes de tourisme de ce lieu très fréquenté, où les skippers leur donnent à manger.
Je plonge pour aller discuter avec le patron d'une vedette, et je suis entouré par une trentaine de requins, ou plus, qui me foncent dessus, puis me tournent autour, à me toucher. Les photos, bien que prises de très près, ne reflètent pas la quantité incroyable de ces sacrées bestioles. Et quand on part en zodiac, il y en a une ribambelle derrière, j'en ai même touché un en ramant !!!!
Alain
(Défilement horizontal avec curseur)
Et voilà l'aquarium, avez-vous déjà vu quelque chose d'aussi merveilleux en mer ???
Mais ce n'est pas fini !!!
TUAMOTU 5 : Tikehau, et départ des Tuamotu
Le 18 Octobre : nous sommes à Tikehau, dont on espérait beaucoup, car île très poissonneuse, il faut dire qu'après Fakarava et Tangiroa, il est difficile de faire mieux.
Nous sommes un peu déçus, car d'abord, il y a beaucoup de vent, la mer est houleuse, et les mouillages rouleurs font que bougeait beaucoup.
Nous sommes allés à la passe, en zodiac et pas mal trempés car les vagues se brisaient sur la petite coque et on en prenait plein la figure. Mais surtout le courant (rentrant heureusement ) était très fort, nous avons dû traverser la passe deux fois à toute vitesse, accrochés au zodiac au cas où nous n'aurions pas pu le rejoindre en nageant. Bon, c'est la manœuvre classique, mais là, les fonds n’étaient pas terribles (Danièle a quand même vu un requin avaler un poisson, ce qui est très rare ) et le courant était trop fort pour pouvoir profiter du paysage sous marin. Hâte de naviguer un peu !
Du coup nous avons traversé le lagon avec le Corto pour rejoindre le village situé 15 kms plus loin, en faisant une veille très attentive car le trajet est farci de patates de corail, et il suffirait d'une seule que l'on ne voie pas pour que ce soit la fin de notre joli voyage - ce serait dommage, n'est ce pas ?
Au village, c'était pire : la houle venant de toute la longueur du lagon était pile de face, et ça remuait beaucoup. On est arrivés à se mettre plus ou moins à l'abri derrière un bout de quai, lui même très souvent bien arrosé par les vagues, mais on a pu dormir tranquilles, et pour compenser, miracle, on a trouvé une boulangerie, avec des baguettes toutes chaudes sortant du four ! : le bonheur :)
Il y a au centre du lagon un petit motu, ex-ferme perlière où parait-il, d'énormes raies manta viennent se faire nettoyer la couenne par les poissons du coin, ce serait terminer en beauté notre périple Tuamotou, car, eh oui, c'est notre dernière île avant de rejoindre Tahiti : départ demain pour 48 heures au large, et à nous les belles vahinés de Papeete.....
Voila, vous n'aurez pas de nouvelles avant trois jours, et pour nous ce sera un sacré changement de rejoindre la civilisation (Papeete est devenu une grande métropole, la deuxième plus grande du Pacifique). Par exemple, nous n'avons pas mis de chaussures ni de sandales depuis des mois ! Et nos pieds se sont tellement élargis que l'on n'a plus besoin de palmes.... Là, j’exagère un peu...
Le 18 Octobre - suite :
Navré car quand j'ai voulu envoyer hier soir le premier message, la poste était fermée, donc pas de wifi, qui devrait marcher tout le temps, mais pas de boite aux lettres non plus... car elle est dans la poste... Efficaces les PTT ! ( petits travaux tranquilles...)
Bref, nous sommes partis ce matin pour notre motu à raies Manta, sans vous donner de nouvelles. Coin hyper calme, loin de tout car en plein milieu du lagon, seuls au monde.
Nous avons fait deux plongées dans la journée, mais rien de bien spécial sauf au soir où un bateau de tourisme est venu près de nous. Les locos sont partis chasser avec des fusils harpon longs comme le bras, mais surtout ont attrapé un tas de très beaux poissons, qu'ils enfilaient sur une longue flèche et trimbalaient avec eux - alors qu'il est recommandé partout de ne pas trainer avec soi les poissons attrapés, mais de les sortir le plus vite possible..... Ben, nos lascars n'en tenaient absolument pas compte, même lorsque des requins un peu nerveux sont arrivés. J'ai un peu attendu pour voir ce qui allait se passer, mais rien, ils sont repartis sans attaquer.
Et nous n'avons pas vu de raie Manta.
Du coup, comme le coin est vraiment hors du temps, nous allons y passer la nuit, bien que très près des récifs, a rêver sous les étoiles, comme en plein désert, et espérer voir demain ces sacrées Mantas.
Le 19 Octobre :
YESSS !! Belle plongée ce matin, et nous avons vu une très belle raie manta, bien plus grande que celle de Taouata, aux Marquises. La photo est prise de loin, dans une eau assez trouble, mais on termine en beauté, car nous rêvions tous les trois d'une "finale" aux Tuamotou avec une manta...
Du coup, on a décidé de partir vite fait pour
Moorea(200 miles de traversée), où jusqu'à fin octobre on peut voir des baleines, et même plonger avec.
Donc on y va dare dare. Là, il est deux heures du matin, je suis de quart, l'équipage dort, le Corto file sa route bien gentiment à 5 nœuds, et on espère arriver en 40 heures, au lever du soleil, et à nous Jonas, Moby Dick, le Leviathan, et autres monstres du loch Ness.......
Le 21 Octobre :
Traversée Tikehau Moorea en 40 heures sous des pluies presque ininterrompues.
Et arrivée au matin dans la
mythique baie de Cook, mais très boueuse à cause des orages, aussi nous allons dans l'autre baie où j'ai un ami sur son bateau, et nous serons mouillés sur le récif, pas loin du spot aux baleines.
A bientôt, mes amis,
et vive le blog
"la balade du Corto" ! Alain