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12 mars 2016

Pas fastoches, les Marquises..

Vous avez sans doute lu les récits écrits par Alain fin février, ils sont parfois mis dans les commentaires, pour plus "d'instantanéité".. et parce que çà donne moins de boulot :). Ce sont des nouvelles fraiches, ne les zappez pas ! Surtout ceux signés d'Alain, avec sa petite photo... Si vous avez raté l'épisode mouvementé de la "balade" vers le sud des Marquises, allez le lire là : CLIC RECIT, 3-4 COMMS publiés le 28 FEVRIER,  brrrrr ! (Joëlle)

Mercredi 2 Mars, de Hiva 'Oa à Tahuata

Atuona ne me plaisant pas du tout, je pars pour ma baie sympa, mais dans le chenal entre les deux iles, je vois dans une baie au nord de Taouata trois voiliers au mouillage.
Avec Jean-Marc et Christine nous avions essayé d'y dormir, mais ça bougeait un peu trop.
Là, ça a l'air plus calme et j'y pose mon ancre. Le coin est joli, les plages magnifiques et il y a des chevaux, des cochons et des chèvres sauvages . Plus les eaux très claires et poissonneuses, avec même des patates de corail. Bref un petit paradis sans la grosse houle de ma baie.
Je décide d'y rester pour la nuit, et depuis ma demi-noyade, la machine est un peu cassée, et avoir des bateaux autour de moi me rassure.
Le lendemain matin le temps est très beau, la mer calmée et le vent pas trop fort.
Une plongée à la pointe de la baie me ravit, je vois plusieurs mérous dont un très beau.
Et, étrangeté de la nature humaine, alors que j'ai enfin tout ce que j'étais venu chercher à Taouata, le beau temps me donne envie de partir. Il est vrai que je n'ai pas du tout envie d'avoir la mauvaise mer de l'aller, et là les conditions sont idéales.
Je crois aussi que je suis un peu " fiu " ( ça veut dire un peu le ras le bol en tahitien ).
Faut dire que ça fait presque un an que je suis en mer, avec des petits pépins ces derniers temps, et la terre ferme commence à me manquer.
Donc, malgré cette baie parfaite et l'arrivée de Alain et sa doudou sur leur cata, qui m'engueulent parce que je pars, je mets les voiles, et me voila au large.

Au début, je me traite de tous les noms d'oiseau de quitter un endroit pareil, mais la mer est calme, le vent juste ce qu'il faut, et le Corto, toutes voiles dehors, taille sa route bravement vers Ua Huka. Il est vrai que cette île se mérite (il y a un an on n'avait pas pu s'y arrêter à cause du mauvais clapot dans la baie, qui est minuscule). On l'appelle la "baie invisible" Et c'est vraiment un coin que j'aimerais connaître, d'autant plus que, d'après mon guide marine, il y a des raies manta énormes :)


Donc, les dès sont jetés, je pense arriver en fin de nuit et croise les doigts pour que les conditions de mouillage soient au top.
A demain matin


Vendredi 4 Mars, de Tahuata à Ua Huka :

Traversée superbe, bon petit vent de travers et mer belle. J'arrive vers deux heures du matin, entrée un peu confidentielle mais deux bateaux au mouillage avec leurs feux me guident et je mouille par dix mètres de fond. Un peu rouleur, eau pas très claire et coin assez paumé, mais je n'ai plus qu'une traversée de cinq à six heures pour rejoindre Nuku Hiva, et vent arrière. Donc tout va bien, et je ne regrette pas ma décision un peu précipitée d'hier.
Je pense que je vais passer quelques jours ici, c'est une des îles les plus sauvages avec 4 musées pour 600 habitants......

Je crois comprendre pourquoi je suis " fiu ", entre autres, car ce matin dans cette baie, toujours une houle forte, du coup je pars vers 10 h pour la baie "invisible" dans laquelle je n'avais pas osé rentrer de nuit. Elle est plus profonde mais assez houleuse aussi, quant au zodiac, aller à terre c'est carrément sportif.
Donc, ras le bol de tous ces mouillages branleurs de marins, vive les Tuamotou et les lagons. C'est vrai quoi ! Les Marquises se prennent toutes les houles du large du Pacifique, qui est immense, et tout ça se fracasse sur leurs côtes, sans aucune protection récifale corallienne. Et qui qui souffre ? : les gentils petits marins sur leurs voiliers...

Bon, je suis allé à terre, en zodiac, gymnastique et trempage garanti, et j'ai marché deux heures dans les montagnes. C'est très beau, mais pareil, ça grimpe grave, pas question de faire du vélo, alors qu'aux Tuamotou ou aux Iles sous le vent (Tahiti, Moorea, Bora etc etc) c'est top nickel chrome pour être le roi de la pédale...

Quelques photos de Ua Uka :
1 : des chevaux sauvages avant l'entrée
2 : l'entrée de la baie invisible
3 : le Corto dans la baie
4 : la sortie... boueuse

La forêt et les farès (coprah qui sèche)   -   Un Tiki protecteur à l'entrée du port
L'église   -   et des chevaux sauvages...


Dimanche 6 mars, de Ua Huka à Nuku Hiva :

Il pleut depuis hier soir !!!!!
L'Aranui 5 rentre dans la baie " invisible " !!!!!!!
L'Aranui c'est le nouveau paquebot cargo qui fait toutes les îles.
Lorsqu'il arrive toute l'île est en effervescence, barbecues sur les quais, les voitures (fleuries !!) deviennent taxis, les musées, les centres artisanaux ouvrent, les garçons mettent une belle chemise bariolée, et les filles des couronnes de fleurs sur la tête et leurs plus belles robes...
Comme il ne vient que toutes les trois semaines, c'est carrément Carrouf au village, les épiceries se remplissent, le quai se charge de matériaux et l'île se transforme en un joyeux carnaval, plus les touristes américains qui n'ont pas besoin de se déguiser pour être au diapason des gens du cru.....
Puis il repart, et l'île redevient un petit village hors du temps.
Quand a la manœuvre d'arrivée, c'est du vrai folklore, car il doit faire demi tour dans la baie, à peine plus large qu'il n'est long...
Les matelots doivent mettre des cordages à terre, et ce sont de véritables acrobates, car il y a toujours autant de houle et l'approche des rochers est très dangereuse. Le canot doit se mettre carrément à toucher les rochers, et le matelot saute avec un gros cordage qu'il doit tirer jusqu'à une bitte d'amarrage. Pas évident du tout : l'Aranui à un moment se rapprochait trop du bord et les canots ont dû pousser !!!!!! pour l'écarter.
Le commandant ne devait pas être à la fête !!! Ce sont vraiment des manœuvres extrêmes.
Et moi, du coup, je ne peux plus quitter la baie, qui est fermée par les aussières .
Donc je vais à terre, mais comme il a plu toute la nuit, la rivière est devenue un vrai torrent, plus la houle omni-présente, et cela génère un mascaret pas possible, deux fois j'ai été culbuté par une grosse vague, et des gars sont venus tirer le zodiac à terre, entre deux rouleaux.
Bref, comme d'habitude trempé, et quelques bobos.
Je ferais mieux de me mettre en maillot, avec les affaires dans un sac étanche.
Hier, un bateau de pêche est venu pour débarquer son poisson, ils n'ont pas pu aller à terre, et ils ont tout simplement sauté à l'eau, avec des poissons de bien 10 kilos chacun dans chaque main, et ont nagé jusqu'au bord de la plage.
Heureusement qu'il n'y avait pas de requins, ils se seraient régalés.

Quelques photos de ma promenade dans l'île hier, après les chevaux sauvages,
L'entrée de l'Aranui dans la baie !
Et l'ancêtre de l'Aranui...... une pirogue double abandonnée dans un hangar.... :)




Mardi 8 Mars, Nuku Hiva, baie de Taipivai :

Pluies incessantes, du coup je suis parti pour Taipivai, où enfin la baie est calme, plus cette houle épuisante qui t'oblige a un jeu de jambes digne de Fred Astaire...
Mais il, pleut trop pour aller à terre, alors travaux de couture à bord, et ménage :(

Mais on ne meurt pas de faim !

Tiens, pour le fun une table bien garnie de fruits, tous offerts.
Offerts par un couple adorable, à la retraite, qui vit dans une très belle cabane dans les vergers de Akaoui , qui connait le totee (médecin) Jean Marc, et nous ont invités à un magnifique repas tout local, sauf le poisson que j'avais ramené.
Avec de très beaux couverts, nappe etc, ça change des repas en roulotte hyper rustiques.
Bref, un après midi impec, et encore de nouveaux amis.







Lundi 21 mars au soir, baie de Ouomi

Je suis allé cet après midi à Ouomi, la baie un peu plus loin que Taipivai.
J'avais fait des courses, récupéré tout mon linge propre (merci Christine,) programmé avec Jean Marc le départ pour Tahiti (ça approche à grands pas) et j'ai eu un besoin soudain de calme total.
Et dans cette baie, qui est très belle et bien abritée, j' ai trouvé mon bonheur, je suis seul, au beau milieu de la baie, aucun bruit, aucune musique, aucun bateau, je m'y trouve très bien.
Je bricole fort sur le bateau pour qu'il soit clean lors de mon départ.





Mardi 22, lecture, contemplation et lune... 

Soirée magique.
Toujours seul dans ma baie, et très content de moi car j'ai bien travaillé sur le Corto, notamment le moteur qui est tout préparé pour le retour.
Je me suis donc octroyé quelques heures de détente dans le cockpit, à lire et à rêver.
A rêver car c'est presque la pleine lune, et je me crois littéralement dans un lac de montagne, avec une eau totalement étale, des montagnes abruptes et majestueuses tout autour de moi, et la lune qui se devine en arrivant lentement. Moment divin. Juste un petit trou dans ce cirque parfait, histoire de dire que je suis quand même en mer, avec un petit endroit pour m'échapper au cas où...
Et je finis le livre d'un jeune espagnol de 24 ans !!!! qui, s'étant sérieusement blessé en faisant de la montagne de haut niveau dans sa jeunesse (il est né à la même date que moi), a acheté un voilier de ... 7 mètres hors tout... sans moteur, et a fait un tour du monde en 4 ans, vers 1967, sans tambours ni trompettes, et raconte d'une manière extrêmement modeste ses états d'âme et ses aventures. Sans cartographie électronique, sans Gps, sans électricité et sans un sou. Splendide. A côté, bien qu'ayant le même age, je me sens tout petit.

Hop, ça y est, la lune apparaît. Trop beau. Je vous quitte mes amis, je vais la regarder en pensant à vous, qui peut-être aussi la regardez en pensant à moi... là, je rêve vraiment :)
Vérification faite, la pleine lune c'est le 23, (demain pour moi), vous c'est maintenant, courrez la voir car en prime vous avez Venus (je crois), tout a côté. C'est pas beau tout ça ?
Bon, les photos sont un peu troubles, les prises sont assez longues car c'est la nuit... et on n'est pas stable comme à terre. Dommage car en réel, elle était magnifique, on voit même un arbre tout seul, sur le sommet gauche, plus Venus :)




Mercredi 23 mars, Nuku Hiva en 4x4

Çà y est, on a refait le trajet stoppé il y a un mois par de gros blocs en travers de la route.
Par contre, départ du bateau à 7h15 et retour vers 17h45, dont 9 heures de 4/4.
Je ne sens plus mes reins ni mes cervicales, et presque le mal de... mer, tant ça secouait.
Mais promenade magnifique, paysages somptueux dignes des Alpes, et une végétation et une faune sauvage qui vous laissent baba d'admiration.
Je joins quelques photos de notre petit tour :

Le chemin quasi disparu en 4/4   -   Quelques arbres énormes

La faune locale et un tout petit poulain :)   -   Les paysages marquisiens



Vendredi 25 mars, le Nuku Hiva profond :)

J'ai fini par trouver le chemin, de plus en plus abandonné, qui menait aux autres cascades.
Et l'éternel " Falgata " cet arbre majestueux et immense, mais aux racines d'argile, qui n'arrête pas de se casser la figure dès qu'il pleut. Un peu plus loin, il y en a tellement par terre que j'ai du renoncer à continuer, trop dangereux.
J'ai terminé mon exploration de presque tous les sites intéressants de Nuku Hiva, encore quelques jours de mise au point, et retour vers Moorea, où j'ai la chance d'avoir eu confirmation d'une place qui m'est réservée à la marina, ce qui me permettra de partir l'esprit tranquille, le Corto bien à l'abri..... pour de prochaines belles croisières. .....:)





Lundi de Pâques

Simon nous a invités à manger, pour fêter Pâques, des langoustes sur la "plage blanche" qui se trouve tout près du bateau. Il y avait un couple de suisses, un voisin de bateau Jean-mi, des amis de Simon, dont la jeune femme voulait repartir avec moi.... (" c'est à toi, tout à toi ce gros bateau !! ") et Simon et Tahia.
J'avais fait un clafoutis aux oranges (recette de Philippe)... réussi (Merci Philippe), et amené une bonne bouteille (vu le prix) qui s'est révélée dégueulasse comme les trois quarts des vins d'ici.

En haut : Simon en jaune, les suisses à gauche, Jean-mi a droite
Au milieu  : Taiha, hyper gentille, la femme de Simon 
Ma future équipière....
Les langoustes
En bas : vous remarquerez que je bois de l'eau...

Très bonne après midi, bien sympa comme vous le voyez sur les photos, mais le top du top, c'est quand je suis rentré à la rame sur le Corto : il y avait des dizaines et des dizaines de raies manta partout. Tout excité j'ai pris un max de photos, puis je me suis mis à l'eau, qui malheureusement était hyper trouble. Je suis arrivé quand même à les avoir un peu, j'ai même eu un moment de crainte car il y en avait cinq qui me tournaient autour, à me toucher, et j'ai même dû deux fois donner un bon coup de palmes pour qu'il n'y ait pas collision, constat, etc, etc .
Bon je sais que ça ne risque rien, mais quand vous êtes seul, assez au large, et avec des bestioles plutôt costaudes autour de vous, on peut se poser des questions.
Même du bateau, les photos n'étaient pas évidentes car avec les reflets du soir on n'y voyait pas grand chose, et lorsqu'elles arrivaient de loin en véritables escadrilles, il faut avoir l’œil bien exercé pour les repérer, car elles ne sortent que l'extrémité de leurs ailerons, et sans faire aucun remous...
D'ailleurs, une fois dans l'eau, il faut les suivre la tête hors de l'eau et vite plonger lorsqu'elles arrivent, car on ne les voit sous l'eau que lorsqu'elles sont à un mètre de toi.
C'est assez impressionnant car on ne voit rien, et brusquement tu as une bestiole de 1m50 ou plus qui te passe sous le nez. Faut pas être cardiaque ... oups pardon... :)

La baie le soir
Une raie sur le dos devant le Corto
Il est pas beau, mon Corto ?

Bon ce fût néanmoins une superbe fin de soirée et je doute de revoir autant de raies aux Tuamotu.
Si l'eau avait été claire, j'aurais eu des photos sensationnelles, surtout lorsqu'elles faisaient des loopings en venant droit sur moi et me montrant sans aucune pudeur leur ventre bien blanc. Sacrées coquine,s va... même les raies me font des avances...  pourtant ce n'est pas avoir un gros bateau qui doit les intéresser ?....ok ok mes réflexions sont aussi glauques que l'eau, mais faut bien que je m'amuse un peu, non ?

Quelques heures plus tard : complètement déçu, les photos prises sous l'eau n'apparaissent pas !!!
Je râle car c'était vraiment un moment magique et je n'avais jamais eu autant de mantas me tournant autour., je ne comprends pas car j'ai tout vérifié un peu plus tard et mon appareil marche impec, même la mémoire de la carte sd enregistre !!! J'étais tellement excité que je n'ai peut être pas appuyé sur le bon bouton....? :( un peu c.. le capitaine...

Bon j'ai d'autres photos prises du zodiac, je les mettrai un peu plus tard.


Mardi 29 mars, lendemain de Pâques

----  Surtout à l'attention de Danièle, Sam, Murielle et Philippe  ----

Enterré tout ce que nous avons fait ensemble, mes amis.

Bon, l'eau est super glauque et on n'y voit pratiquement rien, mais aujourd'hui, contrairement à hier, l'appareil photo sous-marin a bien marché et ça a été un festival.
Il y avait tellement de mantas (plus de quarante) qu'un bateau américain est venu me rejoindre (un seul, quelle tristesse, les gens sont vraiment blasés) et nous avons nagé comme des malades, caressant les raies, se faisant asperger par elles quand elles claquaient leurs ailes sur nous, et l'une d'elles est même venue carrément se frotter à moi. La dame américaine les caressait sans arrêt lorsqu'elles se mettaient sur le dos. Avec leurs beaux ventres blancs.
Il y en avait partout, déchaînées, joueuses, venant à fond la caisse sur nous et hop un looping en nous frolant, et hop nous aussi une petite caresse en passant. Sympa de faire des câlins à ces belles demoiselles..... Incroyable, magnifique.
" Incrédibilé ", comme disait l'américaine.

Beaucoup de photos ratées mais tant pis, c'est trop beau pour que je vous en prive.
Alors, à ceux qui ont eu le courage de venir, merci d'être venus, et .... revenez,... c'est inoubliable

Alain
Bon, d'accord, je suis un peu dithyrambique mais comment ne pas l'être devant tant de beauté ?
Et puis vivre c'est vivre intensément, ne jamais être blasé. Alors vivons fort, sans arrêt.
Regardez bien la dernière photo, un peu loupée car on ne voit que la queue d'une manta qui vient vers moi.

Le ballet d'adieu des raies manta avant le grand départ...


 



 Et la lettre
écrite par Taia
lors de la soirée
de mon départ...
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